L’Ile Nouvelle : un écrin de nature et d’histoire au cœur de l’estuaire

L’Île Nouvelle est l’union de deux îles : Bouchaud et Nouvelle (appelée également Sans Pain), apparues au début du XIXème siècle. Elles ont été très vite endiguées et exploitées par l’homme pour leur terre riche en sédiments et pour faciliter la navigation vers le port de commerce de Bordeaux.

 

Une île façonnée par l’homme

Les premières digues furent construites à partir de 1820 pour rendre les terres cultivables. Puis, vers 1850, de grands travaux sont entrepris pour agrandir le chenal de navigation car l’estuaire joue un rôle économique majeur. Une digue est installée entre les îles Sans-Pain et Bouchaud pour chasser le courant dans le chenal qui s’en trouve raviné. Cette digue va accélérer la fusion des îles, et donner naissance à l’île Nouvelle, consolidée par un nouvel endiguement dans les années 1950.

 

L’âge d’or de l’île Nouvelle

Vers 1850, la vigne s’installe pour un siècle sur les îles Bouchaud et Sans-Pain. L’importance de la main-d’œuvre nécessite la construction de deux villages organisés autour de maisons, chais et écoles. Il y a également des ouvriers, le régisseur, le ferronnier, le marin, l’instituteur, … Les habitants appelés « îlouts » sont environ 150 par village. C’est ainsi que quatre génération d’insulaires ont fait vivre cette langue de terre.

Le climat protège du gel et de la grêle, et les sols sont inondés chaque hiver pour les nourrir des sédiments du fleuve. Cette coutume est à l’origine de l’âge d’or des îles : alors que le phylloxéra ravage le vignoble français, l’inondation hivernale des vignes permet de les protéger de cette maladie.

 

La surproduction de vin, dans les années 1950, bouleverse l’histoire de l’île Nouvelle. Les vignes sont arrachées, et l’île est vendue au début des années 1960. Les villages se vident. C’est la fin d’un monde à part. Une plantation de peupliers laissera finalement la place au maïs à partir de 1972. Les constructions devenues inutiles sont laissées à l’abandon et détruites en partie.

 

 

Une île pour les oiseaux

En 1991, l’Île Nouvelle est finalement achetée par le Conservatoire du Littoral pour son potentiel écologique exceptionnel. Sa gestion est confiée au Conseil Général, au titre de sa politique des Espaces Naturels Sensibles (ENS) et de son programme de développement de l’Estuaire de la Gironde.

 

Ouvrir des digues pour permettre à l’eau de circuler librement et recréer ainsi, progressivement, un milieu propice au développement de certains végétaux et à l’accueil d’oiseaux… Telle est la finalité du programme de gestion écologique mené sur l’île et baptisé « renaturation ».

Située sur un axe migratoire majeur, l’île Nouvelle devient ainsi un site ornithologique de premier plan.

Depuis 2007, démarrage du processus de renaturation, cet Espace Naturel Sensible offre aux oiseaux d’eau et plus particulièrement aux ardéidés (famille des hérons), des milieux propices à leur reproduction. Un accroissement considérable des espèces et des effectifs de hérons nicheurs a d’ailleurs été constaté.

Après un siècle d’activités agricoles, il s’agit maintenant de la rendre à la nature. Mais il s’agit aussi de valoriser l’histoire de l’archipel, et notamment des hommes qui ont vécu sur ces îles.